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 I WILL ALWAYS COME FOR YOU ◮ helen

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WillWill



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Song thème: LINKIN PARK - what i've done
Relation(s): Esbrouffe, cousin perdu + Helen, la rebelle ♥ + Hellah, et ses oreilles pointues + Shiino, l'ami d'enfance.

I WILL ALWAYS COME FOR YOU ◮ helen _
MessageSujet: I WILL ALWAYS COME FOR YOU ◮ helen   I WILL ALWAYS COME FOR YOU ◮ helen I_icon_minitime2012-10-14, 13:05

I WILL ALWAYS COME FOR YOU ◮ helen Tumblr_mbhan4Fb0r1qcm4xzo2_250
helen&william.
i will always come for you

Jonas plissa légèrement les paupières, sondant l'horizon qui s'offrait à lui avec anxiété. Quelques semaines plus tôt, le jeune paysan s'était vu confier la fonction de soldat suite aux recrutements massifs de l'armée impériale, lancés au début du mois précédent dans une optique de rehaussement des effectifs. Il avait à peine dix-neuf ans et n'avait guère eu plus de choix que de s'engager lorsque les impériaux avaient débarqué sur la place publique de son village. L'adolescent déglutît péniblement en refermant les doigts sur les rênes de sa nouvelle monture, qui ne tarda pas à renâcler fébrilement en percevant l'appréhension tangible de son maître. Quelle était cette ombre inquiétante qui perçait le ciel ? Et que faisait-il ici, tonnerre ! Il songea durant quelques instants à ses petites cultures parfaitement entretenues à l'arrière de la demeure familiale : ses patates, ses savoureuses salades et ses tomates aux couleurs éclatantes qui faisaient des ravages aux marchés hebdomadaires ! Qu'aurait-il donné pour ne pas avoir à se retrouver au beau milieu de nulle part, en route pour la sinistre Gil'Ead, avec cette maudite cotte de mailles trop large pour ses frêles épaules ? Il se laissa glisser à terre et effectua quelques pas, préparé à prendre la fuite si l'approche se révélait risquée. Il sursauta violemment lorsque son cheval émit un hennissement sonore et tourna subitement les sabots pour s'élancer sur le chemin si difficilement parcouru. L'ombre s'étendit au-dessus de l'impérial, le dépassa. Jonas cligna des yeux. Ce n'était pas possible. La silhouette majestueuse d'un dragon apparut sur sa rétine. William plongea dans le vide.

Quelques jours plus tôt
L'astre solaire s'approchait progressivement de la ligne d'horizon dans un ciel teinté de nuances à la fois orangées et violacées, inhérentes à l'implantation prochaine du crépuscule. Une douce brise balaya la clairière elfique ouverte sur un panorama vertigineux, sans perturber un seul instant l'être qui se trouvait déjà là. Sa silhouette s'étira très longuement, les épaules perpendiculaires au reste de son corps, avant de retrouver sa posture initiale. Deux pas en avant, un souffle expulsé des tréfonds de sa poitrine, paupières closes et bras tendus, elle se pencha très largement en avant, mettant l'ensemble de ses muscles à rude épreuve. Ses doigts effleurèrent la pointe de ses orteils, puis elle se redressa avec une lenteur mesurée. William laissa retomber toute la tension qui s'était logée dans ses épaules, gonflant ses poumons d'une plénitude renouvelée. Il abaissa doucement les barrières mentales qui le protégeait de toutes intrusions néfastes et tendit son esprit vers la Nature qui l'accueillait. Il avait perdu de nombreuses journées à tenter de discerner les barrières qui délimitaient son esprit étranger à ce genre d'exercices mentaux, sous la tutelle à la fois patiente et indulgente de son mentor, Warren. Abaisser et redresser sciemment ces défenses naturelles lui avaient demandé plusieurs semaines d'entraînement au cours desquelles sa patience et son assiduité avaient menacé de lui faire défaut. Il avait également eu des difficultés à ne pas se brusquer à chaque effleurement mental étranger. C'était tellement intime et vulnérabilisant ! Warren avait régulièrement mis ses difficultés sur le compte de son tempérament méfiant et alerte, parfaitement légitime au regard des temps sombres qui se soulevaient en Alagaësia. Comme la veille, Will se plongea à nouveau au coeur d'un écosystème particulièrement riche, retrouvant non sans enthousiasme le dynamisme d'une fourmilière en effervescence. Cela faisait près de douze mois qu'il vivait au plus profond du Du Weldenvarden, à quelques lieues de la cité de Nädindel. La formation de dragonnier qu'il était venu solliciter avait aussitôt été prise en charge par un elfe à l'allure juvénile répondant au nom de Warren, dans les prunelles duquel vivait une sagesse sans âge. Il avait bénéficié d'un entraînement physique d'une incroyable sévérité, qui avait progressivement taillé sa silhouette dans de différentes mesures. Il avait également dû redécouvrir quelques loisirs intellectuels tels que la lecture et la rhétorique ! Il avait sans doute gagné en souplesse, en agilité et même dans l'art de l'escrime toutefois, le jeune homme se languissait énormément de compagnies autres que celle de Dagr et Warren. Heureusement, il avait eu le plaisir de profiter de la présence de Hellah lorsque celle-ci n'était pas en mission pour la Reine. Globalement, son année avait été plutôt chargée, mais terriblement vide à la fois. Et s'il avait énormément appris de la culture du Beau Peuple, le dragonnier supportait difficilement l'ermitage qu'imposait ce mode de vie.
Par ailleurs, les séparations avec Helen avaient été plus difficiles pour lui qu'il ne l'avait escompté de prime abord. Will s'était indéniablement attaché à ce petit bout de femme au caractère tempétueux et aux sourires si communicatifs, malgré le peu de temps qu'ils avaient concrètement passé au coude à coude sur les routes impériales. Il pouvait supposer que les épreuves qu'ils avaient surmontées ensemble avaient suffi à les rapprocher, là où le temps avait manqué à faire ouvrage Il s'était retrouvé d'autant plus partagé entre ses obligations en tant que dragonnier et son devoir en tant qu'ami, que la jeune femme était dépossédée de ses pouvoirs magiques lors de leur brève séquence d'au revoirs. Son passage à Ellesméra lui avait-il fourni les réponses qu'elle attendait avec autant d'appréhension ? Will ouvrit subitement les yeux et frotta ses traits, comme s'il s'échappait d'un long sommeil. Le soleil était couché depuis plus d'une heure à présent et il prit conscience de la fraicheur nocturne s'infiltrant sous sa tunique. Le jeune homme s'approcha de la coupe d'eau qu'il s'était servie en début de soirée et la tînt durant quelques instants sous son menton, le visage éclairé par les lueurs elfiques rougeoyantes. De temps à autre, il lui arrivait de jeter un petit coup d'oeil afin de s'assurer de la bonne santé de la jeune femme. Elle n'approuverait sans doute pas le procédé, toutefois, il était incapable de se tenir à distance sans recevoir la moindre nouvelle de sa part. « Draum Kópa » souffla-t-il doucement. Quelques picotements glissèrent le long de sa Gedwëy Ignasia qui émit une douce lueur, puis la surface de l'eau se troubla pour laisser apparaître les détails d'une scène pour le moins inattendue. Les forces du dragonnier commencèrent immédiatement à décliner sous l'effet du sort, sans qu'il n'y accorde la moindre attention, le regard rivé sur la vision que pouvait lui céder la magie. Un mince sourire étira ses lèvres, tandis qu'il reconnaissait le joli minois de son ancienne camarade de route. Elle semblait plus ou moins en forme, si ce n'est les quelques traces de fatigue découlant probablement d'une longue journée de voyage. Les sourcils du jeune homme se froncèrent subitement et une barre d'inquiétude ne tarda pas à venir zébrer son front. La maître mage était perchée sur le dos d'une jument dont la finesse était très loin d'égaler celle de Storm. Par ailleurs, il doutait qu'elle ait sciemment lié ses poings à l'avant de sa scelle pour pimenter son itinéraire. Will se contraignit au calme, avant de s'intéresser au décor qui accueillait la scène. Lorsque l'élève avait demandé des renseignements sur les sorts de visions à distance, Warren lui avait appris que ceux-ci avaient le défaut majeur de ne révéler aucun détail des lieux visualisés, à moins qu'ils n'aient déjà été visités par le dragonnier lui-même. Or, aucune brume blanche n'entourait la jeune femme et, il perdit de précieuses secondes à identifier la place, avant que l'image ne lui échappe dans un soupir mêlant épuisement et frustration. Durant quelques instants, il demeura immobile, le regard plongé dans le vide, dans un effort de mémoire intensif. D'où avait-il bien pu observer cette forme gigantesque à l'arrière-plan, dans le passé ? Utgard, lui répondit une voix rocailleuse dans son esprit, sur le ton de l'évidence. L'élève se redressa subitement. Le Nord de l'Empire ! Il avait grandi à Daret et les moindres coins de cette région lui étaient aussi familiers que le fond de sa poche ! Il songea avec une touche de tristesse qui lui aurait fallu à moitié moins de temps l'année précédente pour mettre le doigt là-dessus. Il devait réagir, maintenant ! Non ! Une forme gigantesque toucha terre à quelques mètres de lui et bientôt, une patte écailleuse s'écrasa brutalement sur son torse pour le plaquer à terre. Le dragonnier s'agita furieusement sous la masse de son dragon, sans parvenir à se dégager d'un pouce. « Dagr ! rugit-il, dédaignant tout contact mental. Ta formation est plus importante qu'une paire de grands yeux ! cingla le reptile, avec autorité. William l'incendia du regard : Elle a besoin d'aide ! Soit tu m'aides à la rejoindre au plus vite, soit tu t'ôtes de mon chemin que je puisse trouver un moyen de quitter cette maudite forêt avant la saison prochaine ! Leurs rapports avaient toujours été difficiles, sans doute parce que l'humain n'avait jamais démontré d'efforts dans cette relation et que son statut de dragonnier avait posé plus de réticences que d'enthousiasme dans ses premiers mois décisifs à l'établissement d'une bonne entente. La pression exercée sur sa poitrine s'accentua sensiblement, lui coupant souffle et parole. Durant quelques secondes interminables, il crut que Dagr n'allait jamais le relâcher. Puis, alors qu'il se résignait à plier temporairement à l'autorité de son camarade mental, celui-ci recula de quelques pas. Deux conditions. Dès que cette histoire est réglée, on revient à Nädindel. Et, on ne pars que demain matin.

~¤~

William plongea dans le vide, épée dans la main gauche. Le vent siffla à ses oreilles tandis que les lois de la gravité s'emparaient à nouveau de son corps pour le projeter droit vers la terre ferme. Il écarta stratégiquement les bras, ralentissant considérablement sa chute et durant quelques fractions de secondes, on aurait pu le croire en train de voler. Il s'empressa de plier les genoux, pour se recevoir douloureusement sur la selle de l'étalon en pleine course. Tout doux ! projeta-t-il machinalement, en transmettant une vague d'images apaisantes à l'animal qui se tranquillisa instantanément. Le dragonnier tira sur les rênes qui les ramenèrent vers l'adolescent que Dagr avait repéré quelques minutes plus tôt : un impérial. Celui-ci tourna les talons et commença à courir en comprenant que cet homme tombé du ciel ne le laisserait pas tranquille. Le dragonnier n'eût aucune difficulté à le rattraper et il se laissa fluidement glisser à terre, plaquant le soldat au sol. Il tira son couteau de chasse suspendu à sa ceinture, pour le plaquer contre sa gorge : « Nom, et fonction ! siffla Will, sous un ton qui ne souffrait d'aucune réplique. Jonas balbutia quelques mots incompréhensibles, complètement paniqué. Mais qu'avait-il fait au bon dieu pour ... La lame se plaqua contre sa carotide et sa langue se délia instantanément :
Soldat ! Soldat ! Je fais la liaison entre la patrouille et Gil'Ead !  Will plaqua son genou contre la poitrine de l'impérial pour l'immobiliser de son poids et se redressa légèrement.
- Est-ce qu'il y a une prisonnière ? demanda-t-il, toujours aussi ferme.
- Une prison ... Oui M'sieur ! Blonde, un peu cingla ... Il étouffa la fin de sa phrase devant la mine menaçante de son adversaire. Pas cinglée à proprement parler. Disons qu'elle a pris un sacré coup sur la caboche ! se justifia-t-il, tremblant.
William le délesta de son épée qu'il balança quelques mètres plus loin avant de lui permettre de se redresser. Il en profita pour le détailler avec attention et réalisa qu'il ne devait pas avoir dépassé la vingtaine ; un enfant ! songea-t-il, avant de reprendre son interrogatoire forcé.
- Où est-elle ?
- Ils ont dû s'arrêter pendant deux jours dans un patelin au bord du Ninor, à cause d'un problème de ravitaillement ! Je dois avoir à peine quelques lieues d'avance sur eux !
- Destination ?
- C'est une magicienne ! Elle est censée être transportée à Gil'Ead, le temps qu'on examine son esprit et qu'on détermine si elle représente une menace pour l'Empire. Auquel cas, elle est certaine de perdre la tête pour de bon !

La mâchoire du dragonnier se crispa, avec appréhension. Qu'était-il exactement arrivé à Helen au cours des derniers mois ? Il inspira profondément, avant de poser sa paume gauche sur le front de l'adolescent, puis de remonter en selle.
Quelques heures plus tard, on retrouva un adolescent à la mine réjouie, erré seul dans les artères du marché de légumes hebdomadaire de Levinster, vantant les bienfaits nutritifs du concombre pour la peau, sous le regard halluciné de la foule.


actuellement,
Will n'eût aucune difficulté à remonter les traces encore fraîches de Jonas jusqu'à la cargaison concernée. Il avait décidé d'attendre la tombée de la nuit avant d'approcher du campement, prenant soin d'entraver l'étalon de Jonas à une demi-lieue de distance afin de ne pas attirer l'attention. Le camp était encore actif lorsqu'il s'accroupit dans quelques hautes herbes, invisible aux regards. Il avait troqué ses vêtements elfiques pour ses bonnes vieilles tuniques, bien plus confortable que la couture du Beau Peuple ne le serait jamais à ses yeux. Il avait pris son d'enfiler des mitaines usées par-dessus ses paumes afin que sa Gedwëy Ignasia reste indétectable aux plus fins observateurs. Le jeune homme étudia attentivement l'activité du groupe de soldats festifs qui entouraient un feu de camp imprudent. Quelques chants paillards commencèrent à s'élever, arrachant un sourire en coin au guerrier. Will s'infiltra silencieusement entre les tentes, telle une ombre. Il rôda quelques minutes avant de découvrir le but de sa présence. Un poteau avait été profondément planté dans la terre humide, à l'écart de toute chaleur et de toute luminosité. Trois silhouettes différentes en tout point y étaient adossées, poignets liés dans le dos. Will s'approcha de quelques pas, sondant l'obscurité pour finalement distinguer un chien, un vieillard et enfin, Helen. Ses traits se durcirent. Quiconque était responsable d'un pareil traitement mériterait les pires tourments mortels.
« Helen, murmura-t-il d'une voix aux accents doux en s'approchant d'elle. Ses doigts devenus raides en raison des chutes de températures s'escrimèrent à défaire les liens de la jeune femme, sans succès. Il s'inquiéta du manque de réaction de la jeune femme et frotta ses mains contre son pantalon pour les réchauffer avant de les glisser sur les joues de la magicienne. Helen ! répéta-t-il d'une voix plus pressante.
- Tu peux toujours l'appeler Helen ou Cunégonde, elle te répondra pas mon gars ! La p'tiote est complètement à côté de la plaque, l'informa une voix masculine épuisée à sa gauche. Avant que Will n'ait eût le temps de répliquer, le vieillard s'était rapproché et avait donné une claque sèche sur l'une des joues de la maître mage : Hé, joli coeur ! T'as de la visite ! grogna-t-il.
Une démarche cloutée inhérente aux bottes impériales s'approcha subitement du petit groupe.


Dernière édition par Will le 2013-07-18, 13:52, édité 1 fois
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I WILL ALWAYS COME FOR YOU ◮ helen _
MessageSujet: Re: I WILL ALWAYS COME FOR YOU ◮ helen   I WILL ALWAYS COME FOR YOU ◮ helen I_icon_minitime2012-10-25, 20:59

    La douleur pouvait se manifester sous différente formes. Ce pouvait être un petit pincement, une légère irritation, une douleur lancinante ou une douleur que l'on supportait tous les jours. Et il y avait le genre de douleur qu'on ne pouvait pas ignorer ; une douleur si grande qu'elle bloquait tout en vous et faisait disparaître le reste du monde jusqu'à ce que la seule chose à laquelle on pensait c’était à quel point on souffrait. La façon dont on gérait notre douleur dépendait de nous. La douleur, on l'anesthésiait, on la surmontait ou on l'ignorait ; et pour certains d'entre nous la meilleure façon de gérer la douleur c’était de foncer tête baissée...

    Une éternité. Une éternité que la magicienne ne s’était sentie revivre. Sensation éphémère, certainement fugace, mais en cet instant, rien d’autre n’importait. Il était des épreuves dans la vie qui vous rendaient plus fort, qui vous incitaient à puiser au fond de vous-même et à en ressortir le meilleur. Mais il en existait également d’autres qui vous changeaient, sans vous demander votre avis et sans ménagement. On vous poussait du haut d’une falaise et l’on vous demandait de voler. Impossible. Alors vous faisiez comme si les miracles enrichissaient quotidiennement votre vie, et vous appreniez à voler. Car au fond, il n’y avait que vous qui étiez au bord du gouffre et qui risquiez de vous y perdre…

    Sous les rayons bienveillants du Soleil et sous l’impulsion amicale du vent dans son dos, Helen chevauchait Storm, un étalon à la robe aussi noire que le crépuscule et aux muscles étonnamment puissants. Cela faisait maintenant 5 années que les deux compagnons se côtoyaient et une fois n’était pas coutume, ils se retrouvaient après une longue période d’absence. La raison n’était autre que des vacances forcées chez les Elfes pour la jeune femme pendant lesquelles l’équidé s’était retrouvé seul. Vacances ? C’était vite dit. C’est aux premiers abords ce à quoi la magicienne avait pensé. Depuis la perte de ses pouvoirs à la suite d’une rude bataille il semblait qu’elle avait besoin de repos, de renouer avec elle-même. Enfin ça, c’était avant de se pointer chez les Elfes.

    Une race étonnante, charismatique, sublime, liée aux plus belles choses que le Monde avait à offrir, maniant poétiquement les mots à l’instar des plus grands sages humains. Un peuple dont l’amour pour la vie n’avait d’égal que sa communion avec la Nature… Oui mais voilà, ça c’était l’image qu’on semblait vouloir leur octroyer. Certainement pour justifier leur manque d’initiative dans la guerre opposant l’Empire et les Rebelles, une guerre qui risquait de tout anéantir sur son passage… Parce que, pour les avoir côtoyés pendant de longs mois, la magicienne n’en gardait pas un très bon souvenir. Exigeants avec ceux qui avaient l’audace de quérir leur aide, ils n’avaient pas fait preuve de la plus grande tendresse envers la jeune femme, d’autant plus qu’elle était humaine et qu’une humaine possédant une telle magie n’était qu’une abomination. C’était comme servir de la confiture aux cochons, une pure perte. C’était bien connu, les humains ne respectaient rien et ne savaient que s’entretuer. Cependant, Helen allait elle aussi contribuer à nuancer la vision des Elfes, et cela, sans même s’en rendre compte.

    Bien vite le Beau Peuple pu se rendre compte des qualités que notre jeune protagoniste avait à offrir. Elle s’adapta si aisément à la vie des Elfes que ces derniers n’eurent d’autres choix que de mettre de côté leurs préjugés, ou tout du moins d’y instituer quelques exceptions. Enfin, s’adapter était un bien grand mot. Elle faisait tout comme, en fait. Manger du végétal, parler pendant des heures de la Nature et de ses bienfaits, écrire des chants poétiques, tout ça ce n’était pas elle. Mais ce n’était pas ce programme qui avait rythmé ses journées. Oh non… Les vacances et la méditation, ce n’était pas pour tout de suite. Ses instructeurs l’avaient poussée au bout de ses retranchements, lui avaient préparé des exercices qui autrefois lui auraient semblé d’une facilité enfantine. C’était un fait, Helen, très tôt, et plus encore dans l’avancée du temps qui régissait le Monde, n’avait fait qu’une avec la magie. Un instinct s’était aussitôt insinué en elle pour ne plus jamais la quitter. Tout n’était qu’instinct et c’est pourquoi l’apprentissage scolaire de la magie n’avait été chez elle qu’une infime partie de sa formation. Et puisque la magie semblait l’avoir entièrement quittée depuis cette tragique bataille, il lui revenait non seulement la lourde tâche de retrouver la source de son pouvoir mais également de franchir des étapes que les magiciens avaient pour habitude d’affronter afin de consolider leur magie.

    L’apprentissage fut long et périlleux. Mais après de longs mois de doute et de fatigue, sa magie avait réintégré son être. Jamais elle ne s’était sentie aussi puissante, jamais elle n’avait autant ressentie la magie dans la moindre de ses cellules. Il était maintenant temps de repartir.

    La jeune femme se sentit soudainement nostalgique de la Félicité dans laquelle baignait la forêt du Du Weldenvarden. On y était comme reclus du Monde et si la magicienne ne s’était pas battu il y avait encore quelques mois lors d’une bataille contre l’Empire, elle aurait juré avoir imaginé toute cette guerre. Cette dernière n’avait pas d’emprise sur le Beau Peuple. Il vivait en tout insouciance et ne semblait pas vouloir se préoccuper de l’extérieur. Pourtant il fallait bien choisir son camp. Pour Helen, les bons et les mauvais n’existaient pas, demeuraient seulement les certains et les incertains. On était sûr de faire quelque chose de juste ou on ne l’était pas. C’est ce qui faisait toute la différence dans ce Monde.

    Helen avait quitté la cité d’Osilon et chevauchait maintenant vers l’Ouest en direction de Ceunon. Elle prit soin d’éviter la ville sous domination empirienne afin de ne pas se faire remarquer et continua vers le Sud tout en longeant la forêt des Elfes. Il lui fallait maintenant rejoindre les Vardens dans le Surda. Beaucoup la croyait disparu et sa magie avait certainement dû créer un manque dans leur armée. Toute la matinée la jeune femme avait profiter de cette nouvelle sensation de liberté qui l’envahissait. Tout lui était désormais possible. Plus rien n’obscurcissait son horizon.

    Soudain, la magicienne perçu un bruit. Inaudible pour le commun des mortels, il semblait indiquer une autre présence, près des deux compagnons. Helen scruta les alentours et son regard s’arrêta sur un massif végétal. Alors qu’elle s’approchait prudemment, un Shrrg sortit du buisson et s’arrêta net. Il semblait dévisager la jeune femme. Les traits de notre protagoniste se durcirent instantanément. C’était une sorte de loup géant, plus grand qu'un cheval. Son pelage plus noir que le crépuscule ne laissait entrevoir que ses yeux ambrés donc le regard vous glaçait sur place. Rapides et puissants, les rares personnes qui en avaient croisé n’avaient jamais vécu assez longtemps pour relater ce fait rarissime. Sa large mâchoire accueillait des crocs qui auraient pu sectionner un humain en deux avec une facilité déconcertante. La créature émit un grognement qui ne dit rien de bon à la magicienne. Oh non… Rien de bon…

    Un peu plus loin, un groupe de chasseurs entendit le grognement sourd qu’ils redoutaient. Le Shrrg qu’ils pistaient depuis des jours étaient enfin à leur portée. Le loup avait attaqué une ferme quelques temps auparavant et n’avait laissé aucun survivant. Aussitôt un petit commando (du genre Rambo et Chuck Norris ^^) se constitua et partit en chasse. Ils avaient perdu sa trace plus tôt dans la matinée et tournaient en rond depuis près de 2 heures. Ils ne pouvaient pourtant revenir dans le village sans la carcasse de cette créature semeuse de mort. Lorsqu’enfin le signe qu’ils attendaient leur parvint, ils se hâtèrent vers la source du grognement. La scène qui se déroulait sous leurs yeux semblait irréelles. Le Shrrg venait d’effrayer l’étalon qui se trouvait devant lui. L’équidé, sous la panique, rua et envoya au sol une jeune femme. Helen n’avait en effet pas eu le temps de prononcer quelque sort que ce soit. La chute sur le sol fut rude et immédiatement un filet de sang s’échappa de la tête de la magicienne, maculant de rouge sa chevelure dorée. Le cheval lui partit au loin sans se retourner, laissant derrière lui sa cavalière, inconsciente. Les chasseurs prirent aussitôt le relais et se placèrent en position de défense pour protéger la jeune femme. Après un long combat (que j’ai la flemme de décrire ^^), les hommes de Yazuac ramèrent dans leur village la dépouille du Shrrg ainsi que l’inconnue qui n’avait toujours pas repris connaissance.

    Helen ne se réveilla qu’à la tombée de la nuit. Les soigneurs qui s’étaient afférés autour d’elle toute la journée se penchèrent vers elle lorsqu’elle ouvrit les yeux.


      « Vous avez eu beaucoup de chance. Comment vous appelez-vous ? »
      « Je… Je ne sais pas… »


    ~

    Cela faisait maintenant trois semaines que la petite cité de Yazuac comptait une habitante supplémentaire. Toutefois, la nouvelle citoyenne n’avait toujours pas retrouvé la mémoire et s’était donc construite une nouvelle vie. Ici on la connaissait sous le nom de Sienna et elle trouva un travail de serveuse dans l’une des plus grandes auberges de la ville. La clientèle y était bourgeoise et notre protagoniste se fit rapidement des amis.

    Mais les nouvelles se propageaient dans le Royaume aussi rapidement que la pensée. Si la jeune femme semblait ne pas se souvenir de son passé, beaucoup le connaissait. Hélas. Sa tête avait plusieurs fois été mise à prix et il ne fallu pas longtemps pour que l’Empire réagisse. Une garnison se présenta rapidement à l’entrée de la ville et fouilla chaque centimètre carré. Bien sûr, beaucoup commençait à apprécier la présence de la jeune femme, mais pas suffisamment pour trahir leurs croyances. Ils débarquèrent un beau matin dans l’établissement où la magicienne s’était vu confier le poste de serveuse. Les portes s’ouvrirent à la volée, instituant dans l’instant un silence froid. Tous les clients stoppèrent leurs activités pour regarder la scène qui allait suivre. L’un des soldats aperçut sa cible sortant des cuisines. Souriante elle s’apprêtait à leur demander s’ils désiraient une table, mais n’en eut pas le temps…


      « Veuillez nous suivre. »


    …Ni l’envie, finalement.

    ~


    3 jours. Trois longues journées que l’Empire s’évertuait à faire parler la jeune femme. Mais que pouvait-elle leur dire ? Rien. Elle ne savait rien et pourtant tous ces Impériaux semblaient lui accorder une toute autre importance. Ils en étaient arrivés à l’attacher à un poteau enfoncé dans le sol et à la laisser ainsi. Le soleil et le temps faisaient leur office. Peu à peu ses forces l’abandonnèrent. Son visage émacié avait perdu toute vie et son éternel optimisme avait laissé place au plus profond des désespoirs. Abyssal, il s’insinuait en elle comme le venin d’un serpent. Elle le savait, ils ne la laisseraient pas partir comme ça et il ne lui restait plus beaucoup de temps pour partir. Mais comment, une simple serveuse comme elle pouvait bien s’extirper des griffes des sbires de l’Empereur ?

    Helen…

    L’inconscience de la jeune femme montra enfin ses limites. Un mot était parvenu jusqu’à ses oreilles. Helen. Qu’était-ce donc ? Elle ne reconnut pas la voix qui prononça cet étrange prénom. Etrange car elle ne voyait pas qui pouvait porter ce prénom ici. Pas le vieux près d’elle en tout cas. La voix devint plus forte, presque impérative. Elle ne savait ce qu’il se passait autour d’elle mais se doutait que quelque chose venait de changer.

    Une main. Un contact. Vif. Douloureux. Et pourtant Helen le ressentit comme un cri de désespoir, un appel. Il fallait qu’elle ouvre les yeux. Oh oui il le fallait. Mais comment ? Suffisait-il de le vouloir ? Elle avait beau souhaiter voir le jour, quelque chose l’en empêchait. Une barrière. Comment pouvait-elle contempler les alentours sans savoir qui elle était ?


      « Hé, joli coeur ! T'as de la visite ! »


    Il ne s’en rendait probablement pas compte, mais ces quelques mots venaient d’exploser à la tête de la magicienne, comme une petite bombe. Instantanément, elle ouvrit les yeux. Océan de douceur et de lumière, ils illuminèrent son visage. Mais une sombre flamme dansait à l’intérieur de ses iris. A la manière d’un étendard, elle s’élevait, haut et clair. Helen… Ce prénom lui était-il destiné ? Son regard se posa sur ladite visite. Un jeune homme. Son visage était parfait et angulaire - pommettes hautes, mâchoire forte, un nez droit. Ses cheveux, désordonnés, étaient brun-roux et s’embrasaient de reflets cuivrés. Ses yeux semblaient contenir une substance infiniment précieuse que la jeune femme identifia comme semblable à de l’or liquide, mêlé à de l’ambre. Ses doigts étaient minces et son sourire en coin en éblouissait presque les yeux lagon de la magicienne. Pourtant, rien de cela ne lui était familier. Elle en était certaine, jamais elle n’avait vu cette personne. Un tel visage ne pouvait s’oublier.

    Soudain, des bruits de pas semblèrent se rapprocher du petit groupe. La jeune femme regarda une nouvelle fois l’inconnu. D’où venait-il ? Que voulait-il ? S’il avait voulu la tuer, il l’aurait déjà fait depuis bien longtemps. Peut-être pourrait-il l’aider à s’échapper ? Alors qu’elle s’apprêtait à lui poser quelques questions, une flèche vint se planter dans le poteau à quelques centimètres de sa tête. La jeune femme laissa d’échapper un cri de surprise. Il n’était plus temps de discuter.


      « Je… Je… Aidez-moi je vous en prie ! Je n’ai rien fait de mal je vous le jure ! » dit-elle alors que ses yeux s’embuaient de larmes. « Je ne sais pas qui est cette Helen que vous semblez chercher, mais je vous promets de vous aider à la retrouver si vous me sortez d’ici. »


    Lorsque ses yeux se détachèrent de l’inconnu, les gardes étaient déjà sur place.

      « Qui êtes-vous ? Veuillez décliner votre identité. » martela l’un d’entre eux. « Vous êtes en présence d’une garnison sous les ordres de Notre Puissant Seigneur Galbatorix. Ces gens sont des prisonniers et représentent une menace pour notre Empire, veuillez vous en éloigner. »


    Une nouvelle fois la prisonnière s’adressa à l’inconnu.

      « Pitié… » chuchota-t-elle à son intention.


    Les gardes semblèrent s’impatienter.

      « Eloignez-vous ou nous seront contraints d’user de la force ».


    La douleur vous deviez arriver à la surmonter, espérer qu'elle disparaisse d'elle-même et espérer que la blessure qui l'a causée se referme. Il n'y avait pas de solution, pas de remède miracle. Vous deviez respirer à fond et attendre qu'elle s'estompe. La plupart du temps, on pouvait gérer la douleur mais parfois elle s'abattait sur vous quand vous vous y attendiez le moins, elle vous attaquait en traître et ne vous lâchait pas. Vous deviez juste continuer à vous battre parce que, de toute façon, vous ne pouviez pas l'éviter et la vie en fournissait toujours plus...
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I WILL ALWAYS COME FOR YOU ◮ helen _
MessageSujet: Re: I WILL ALWAYS COME FOR YOU ◮ helen   I WILL ALWAYS COME FOR YOU ◮ helen I_icon_minitime2013-05-09, 22:29

'Celui qui s'en alla apprendre la peur'. Will pouvait se remémorer sans la moindre difficulté les contes que le barde du village colportait chaque soir lorsqu'il n'était encore qu'un enfant bondissant de flaques en flaques. Il avait toujours porté celui-ci en affection –sans raison particulière. C'était seulement l'histoire d'un garçon qui, méprisé à la fois de son père et de son aîné en raison de sa sottise et son incapacité à apprendre ou comprendre, décide de quitter le cocon familial dans le but de découvrir ce sentiment pourtant commun à l'espèce humaine tout entière. Il ne détenait qu'une idée très abstraite du danger, lorsqu'il était plus jeune –comme n'importe quel autre garçon de son âge, vous me direz. Cependant, il n'était plus un enfant haut comme trois pommes désormais ; il avait vécu et suffisamment vu pour savoir d'où provenait cette angoisse irrationnelle : il l'avait sous les yeux.

Ses genoux touchèrent abruptement terre, égratignant quelques centimètres de peau sans qu'il n'y accorde la moindre attention. Ses pupilles ambrées glissèrent attentivement sur le visage décharné de la jeune femme et il eût un pincement au cœur en songeant à la mine éclatante de vie qu'il lui avait toujours connue. Elle était si différente aujourd'hui. Si pâle, si ... éteinte. Il n'y avait pas d'autres mots pour transcrire l'effet que son état actuel lui inspirait. Un grondement furieux s'échappa de ses lèvres charnues lorsqu'il découvrit deux poignées d'hématomes, à différents stades de cicatrisation, s'éparpillant autour des bras de la prisonnière : ces bêtes ne payaient rien pour attendre, c'était scellé. Ses doigts s'activèrent fébrilement autour des liens qui mordaient impitoyablement les poignets de la jolie blonde, tandis qu'il appelait doucement son prénom d'une voix de plus en plus pressante : pourquoi diable ne réagissait-elle pas ? Lui avaient-ils administré un sédatif ? Quelque chose clochait, manifestement. Il jeta un coup d’œil furtif par-dessus son épaule, s'assurant de l'absence de gardes dans son dos ; c'est le moment que choisit le vieillard pour le prendre complètement au dépourvu : il se pencha prestement sur le côté et gifla la magicienne sans ménagement. La paume de Will vînt immédiatement caresser la pommette saillante d'Helen, espérant pouvoir apaiser la sécheresse du geste. Il foudroya l'homme du regard : « Tu sais, elle en a assommé de bien plus gros que toi pour beaucoup moins que ça » prétendit-il avec une raideur ostensible. Il était conscient d'avoir passé énormément de temps au milieu d'une culture basée sur le respect mutuel de tout un chacun –il s'était accoutumé à un contact social doux et paisible. Toutefois, éducation elfique ou non, il était convaincu de ne pas réussir à porter l'homme qui se trouvait en face de lui dans de bonnes grâces. Il avait un mauvais pressentiment à son propos –qu'il soit légitime ou non n'avait aucune importance. « Peut-être. En attendant, cette gamine est incapable d'écraser une mouche sur le cul d'une vache. Pardonne-moi si je ne me sens pas expressément menacé » rétorqua-t-il en haussant faiblement les épaules. Il ne put s'empêcher d'associer cette image à un pauvre sac d'os en mouvement. Rien de très ragoûtant. « Peut-être, fît-il en détournant le regard, choisissant les mêmes amorces de phrases que son interlocuteur : En attendant, c'est moi qui tient le couteau. Alors, ferme-la ».

Il réprima un grognement d'impatience face à la récalcitrance des nœuds. Il tâta machinalement sa botte à la recherche de son couteau de chasse. Bien entendu, il pourrait utiliser sa magie nouvellement maîtrisée. Ils seraient bien plus rapides et efficaces ainsi. Toutefois, il avait appris au fil des semaines passées avec Warren qu'il était nécessaire d'économiser ses forces en prévision d'utilisations plus exigeantes. Par ailleurs, il n'était pas à l'aise avec l'idée de brandir sa Gedweï Ignasia devant un parfait inconnu. Il interrompit son geste lorsque les paupières d'Helen se soulevèrent enfin, dans un papillonnement infiniment délicat. Son regard havane percuta l'océan infini de ses pupilles. Et quelque chose s'ébranla en lui. Que n'aurait-il pas donné au cours des douze derniers mois pour avoir l'opportunité de s'immerger à nouveau dans ces eaux limpides et apaisantes ? Helen. Elle lui avait cruellement manqué. Bien plus qu'il ne l'avait consciemment escompté, finalement.

« Je… Je… Aidez-moi je vous en prie ! Je n’ai rien fait de mal je vous le jure ! commença-t-elle et les traits de Will s'adoucirent instantanément en apercevant quelques larmes apparaître aux coins de ses paupières.
— Shh, shhh, fît-il avec une douceur qu'on lui aurait difficilement associée d'un point de vue externe. Je ...
— Je ne sais pas qui est cette Helen que vous semblez chercher, mais je vous promets de vous aider à la retrouver si vous me sortez d’ici. .
— ... Quoi ?
À cet instant précis, une flèche d'avant-garde vînt se planter dans le poteau de pénitence avec un bruit mât, lui arrachant un sursaut de surprise. Et m*rde ! grimaça-t-il en s'efforçant à une staticité intenable tandis que les rouages de son cerveau tournaient à vive allure, dans l'espoir d'élucider un dénouement miracle à cette épineuse péripétie. Malgré l'urgence de la situation, son fil de pensées restait bloqué sur les derniers propos d'Helen. Il la contemplait toujours d'ailleurs et elle faisait de même, avec cette lueur d'espoir noyée de larmes. Elle ne le reconnaissait donc pas ? Son cœur se serra à cette pensée et il peina à faire refluer une vague d'affliction. Les mots de Jonas lui revinrent en mémoire, sans qu'il n'ait cherché à les raviver : 'Pas cinglée à proprement parler. Disons qu'elle a pris un sacré coup sur la caboche ! '. 'La p'tiote est complètement à côté de la plaque' avait ajouté le vieillard. Mais il n'y avait pas prêté attention. À quel point était-ce mauvais ? « Libérer-moi les mains ! le pressa soudainement le vieillard, en guettant l'arrivée des soldats. Libérer-moi les mains ! ».

Ce sont les mots silencieux qu'il lut sur les lèvres de la magicienne qui le décidèrent à passer à l'action. Il poussa discrètement le couteau de chasse qu'il tenait en main en direction du prisonnier, mettant la pénombre à profit, avant de se redresser lentement sur ses jambes en mettant ses mains en évidence :
— Pas de gestes brusques. Débarrassez-vous de votre épée, ordonna le premier garde. Le dragonnier déboucla prestement son ceinturon qui vînt s'écraser brusquement sur le sol. Il se retourna lentement et se composa instantanément une mine plus avenante :
— J'suis désolé messieurs. Un malentendu, sans doute, prétendit-il en comptant rapidement le nombre de soldats qui se trouvait face à lui. Un archer, trois bretteurs. Sans prétention, c'était probablement dans ses cordes. Mon cousin. Il tient un campement similaire à celui-ci dans les environs. Vous savez, il achemine un cirque jusqu'à la capitale, pour Sir. Galbatorix –que les dieux le protègent, poursuivit-il en tendant l'oreille. Il discernait sans peine les efforts qui rassemblaient le vieillard pour rompre ses propres liens. Si seulement il pouvait être plus discret !
— Un cirque ? fît le second impérial. Un grand dadais qui lui poserait sans doute quelques difficultés s'ils en venaient au combat rapproché.
— Oui, vous savez. Des animaux, avec des numéros, ajouta Will, en s'efforçant à une patience qu'il était loin de posséder.
— Pourquoi seriez-vous là, alors ? poursuivit le troisième, un peu plus pertinent que les deux autres. William haussa légèrement les épaules :
— C'est le coin des servantes. Il désigna Helen d'un geste de la main : et c'est bien connu : elles ne disent jamais non, n'est-ce pas ? gloussa-t-il, parfait dans son jeu d'acteur.

L'arc s'abaissa lentement vers le sol. C'était tout ce dont il avait besoin : « Jierda ! » incanta-t-il rapidement à voix basse, tendant sa paume gauche en direction de l'arme. Cette dernière se brisa sous sa volonté dans un bruit sec, devenant alors inutilisable tandis que ses iris s'encerclaient d'une brève lueur incandescente. Il se précipita sur son épée qu'il dégaina avec fluidité dans un chuintement métallique : « Libère-la » ordonna-t-il à l'intention du vieillard qui se trouvait dans son dos, sans prendre le temps de jeter un coup d'oeil à ce qu'il tramait. Ne pas perdre le contact visuel avec ses assaillants était une mesure de prudence élémentaire en escrime. S'y déroger délibérément serait de l'insouciance pure. Il para une première attaque et projeta immédiatement son coude dans le nez du prochain garde. Son pied s'abattit sur une rotule dans un craquement écœurant sans la moindre compassion et une gorge s'ouvrit sans qu'il ne s'y attarde. Une première coupure fît son apparition sur son bras gauche. Il dut transférer l'épée dans sa main droite, de manière à rester efficace : la pointe de son épée passa sous la garde du grand dadais qui s'effondra à ses pieds en se vidant de son sang à grands flots. Il ne s'aperçut qu'au dernier moment de la fuite de l'archer ; sa paume s'éleva à nouveau et il murmura l'un des dix sortilèges de mort : il tomba, mort avant d'avoir touché le sol. Il avait appris à ne plus se sentir accablé face à la mort. C'était triste, mais comme à toute chose, on finissait par s'y habituer. Il prit quelques instants pour enfoncer sa lame dans la terre afin d'éviter que l'hémoglobine ne s'y assèche avant de la remettre dans son fourreau. Ce n'est qu'à cet instant qu'il se figea concrètement –horrifié.

« Qui tient le couteau maintenant ? s'exclama le vieillard d'un sourire où quelques dents manquaient manifestement à l'appel. La lame du couteau de chasse était appuyée sur la gorge d'une Helen qui tenait à peine debout :
— Laisser-la tranquille ! s'exclama-t-il en amorçant un pas dans leur direction. La lame se pressa un peu plus profondément dans la chair de la jeune femme et une perle de sang apparu : il blêmit et s'arrêta instantanément. Qu'est-ce que vous voulez ? consentit-il malgré lui, avec toute l'hostilité dont il était capable.
— Je pars avec vous. À prendre ou à laisser. Sinon, j'égorge la fille.
— Je n'ai pas vraiment le choix, n'est-ce pas ? répliqua-t-il, amer.
— Bien sûr que si. Mais tu devras en assumer toutes les conséquences.
Les pupilles de Will s'attardèrent sur le visage d'Helen. Puis, il baissa les yeux :
— J'ai un cheval, à une demi-lieue. Si vous nous accompagner jusqu'à Daret, il est à vous.
— Parfait, en route ! T'peux m'appeler Gerhart au faite
— Je me contenterais de face de Kull répliqua-t-il sèchement. Et ils se mirent en route.

+++

Ils avaient marché jusqu'à l'aube, désireux de mettre un maximum de distance entre les impériaux et leur groupe –aussi improbable soit-il. Will tâchait d'effacer les quelques traces qu'ils laissaient inévitablement derrière eux tandis que le vieillard ouvrait la marche, Helen au bout de sa lame. Le dragonnier s'était tenté à désamorcer cette situation de prise d'otage –vainement. Aucune ouverture concrète ne s'était encore présentée à lui. Et lorsqu'il s'était risqué à s'en fabriquer une en prenant l'esprit de Gerhart d'assaut, il avait eu la mauvaise surprise de se fracasser contre un mur sans failles. Le regard éloquent que celui-ci lui avait lancé par la suite l'avait dissuadé de réitérer l'expérience.
Lorsqu'ils avaient trouvé l'endroit où William avait entravé sa monture ; celui-ci était parvenu à convaincre Gerhart de céder la selle à Helen. La jeune femme tenait à peine sur ses jambes et la laisser continuer à tituber ainsi, ç'aurait été du sadisme pur. Will l'avait aidé à se hisser sur la selle et, ils avaient continué à marcher, marcher, marcher inlassablement.


Il avait la gorge sèche. Will s'humecta une énième fois les lèvres avant de contempler les cieux qui s'éclaircissaient sous la volonté du cycle lunaire. À moins que ce fût celui du Soleil, songea-t-il l'esprit rendu brumeux par la fatigue. Ses pupilles glissèrent sur l'horizon verdoyant qui s'offrait à eux. Il connaissait ces plaines. Il savait que Daret était la ville la plus proche. Il y avait grandi durant toute son enfance. En revanche, il n'avait pas concrètement réfléchi aux conséquences indésirables qu'apportait cette destination. Sa mère vivait là. Sa sœur aussi. Il ne les avaient pas vu depuis près d'une dizaine d'années à présent. Et doutait qu'il soit approprié de frapper à la porte du cocon familial dans ces conditions. Son regard s'attarda sur la silhouette de la magicienne. Nul doute qu'il aurait apprécié de pouvoir lui présenter Daret. Que restait-il de leur passé commun, à présent ? N'existaient-ils plus que dans ses propres souvenirs ? Était-ce seulement temporaire ? Il n'y connaissait rien. Ses connaissances médicales se limitaient à la maîtrise des simples. Et aucune d'entre elles n'étaient en mesure de soigner l'amnésie qui semblait avoir frappé la magicienne.
« Il y a une clairière, là-bas ! indiqua-t-il soudainement en pointant un index vers la gauche. Gerhart tourna à peine la tête.
— Et alors ? fît-il, comme s'il venait de faire la remarque la plus grotesque du monde.
— Et alors ? releva William, offusqué. Elle a besoin de repos. Quelques heures de sommeil, c'est tout ce que je demande.
— Dis-moi petit. Me prendrais-tu pour un imbécile ? lâcha sèchement Gerhart, en plantant des pupilles bien plus vives que précédemment dans celles du dragonnier. Celui-ci en fût troublé. Qui me dis que tu n'en profiteras pas pour déguerpir avec l'animal et la gonzesse pendant que je pousserai mon roupillon ? Hein ?
— Parce que je vous le dis.
— Et qu'est-ce qui me dis que tu ne mens pas ?
— Je ne mens jamais.
L'assurance qui émanait de ces propos comme celle d'une évidence désarçonna le vieil homme. Il le dévisagea durant quelques instants avant de reprendre :
— Très bien. Quatre heures. Et tu cuisines quelque chose. J'ai faim. ».
William hocha la tête –c'était mieux que rien.

Quinze minutes plus tard, les trois individus s'activaient dans la clairière à l'abri des regards indiscrets –et par-dessus tout, à l'écart de la surveillance impériale. C'était la planque idéale : le couvert des arbres était si épais que la fumée d'un feu de camp se trouvait réduite à une simple formalité. Will avait découvert deux sacs de riz, une brioche à peine entamée et du pâté en croûte dans la selle de leur monture : de quoi caler leurs appétits cette fois-ci en tout cas. Rejoindre Daret deviendrait ensuite une affaire de survie. Il avait improvisé une casserole grâce à une pièce d'armure trouvée au même endroit que le reste du butin, et surveillait distraitement la cuisson. Il se défit de sa veste en cuir, découvrant en même temps la zébrure superficielle qui lui avait infligé le soldat quelques heures plus tôt : beaucoup de sang, mais rien d'inquiétant, constata-t-il en essuyant les contours de la plaie avec un morceau de tissu. Par-dessus le feu, il jeta un coup d'oeil à la magicienne. Celle-ci n'avait pas décroché un mot depuis qu'ils s'étaient installés ici. Il ne pouvait qu'à peine imaginer ce qu'elle éprouvait en cet instant précis. Le dragonnier rabattit sa manche avant de s'emparer d'une gourde à demi-pleine. Il contourna le cercle de pierres qui contenait les flammes sous le regard attentif de Gerhart, avant de s'asseoir à côté de la jeune femme : « De l'eau ? » fît-il en lui tendant le bidon étanche.
Il laissa passer quelques instants avant de reprendre : — Comment tu te sens ? Il pencha légèrement la tête pour évaluer la profondeur de l'entaille qui zébrait son cou. Ses mâchoires se serrèrent de contrariété : — Est-ce que c'est douloureux ? ajouta-t-il en la consultant du regard avec douceur. Il l'effleura de la pointe des doigts. — Ça a besoin d'être désinfecté.
— Comment est-ce que tu t'es retrouvée entre les mains de l'Empire ? » l'interrogea-t-il à voix basse en attirant à lui la besace qu'il avait décroché de la selle. Il était pratiquement certain d'avoir repéré une flasque à whisky, là-dedans.
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I WILL ALWAYS COME FOR YOU ◮ helen _
MessageSujet: Re: I WILL ALWAYS COME FOR YOU ◮ helen   I WILL ALWAYS COME FOR YOU ◮ helen I_icon_minitime2013-06-19, 15:59


    Vous savez, on dit que l'on ne reconnaît pas les moments importants de notre vie lorsqu'ils se produisent. On se satisfait des idées, de choses, de personnes et on les prend pour acquises.

    Et habituellement, ce n'est que lorsque cette chose est sur le point de vous être enlevée que vous réalisez à quel point vous vous êtes trompé, que vous réalisez à quel point vous en avez vraiment besoin…

    Assez rapidement, la jeune femme comprît qu’elle ne s’en sortirait pas seule. Elle ne se donnait déjà pas de grandes chances de survie en étant en bon état alors à moitié sonnée, ses chances s’amenuisaient aussi surement que le sable coulait dans un sablier. Toutefois, le plus terrifiant, ce n’était pas tant cette possibilité de mourir – qu’elle aurait plutôt vécue quelques minutes auparavant comme une délivrance de la souffrance qu’on cherchait à lui infliger – mais bien cette scène qui se déroulait sous ses yeux sans qu’elle n’y comprenne rien. Le jeune homme qui s’était littéralement jeté à leur secours la regardait intensément et l’espace d’un instant, il lui sembla déceler quelque chose, tout au fond de ses iris. Quelque chose qu’elle ne parvenait pourtant pas à déterminer avec précision. Quelque chose de latent. Quelque chose qui ne demandait qu’à s’ouvrir à la conscience de la jeune femme… Conscience qui malheureusement resta occultée par les évènements présents. Ce n’était pas le moment de s’improviser télépathe. Comme elle enviait ces magiciens de renom, dont la gloire et le talent n’étaient plus à démontrer. Elle, pauvre mortelle, devait se contenter d’une vie morne et monotone remplie de questions dont les réponses ne pouvaient lui parvenir aussi facilement que le filet de connaissance que s’appropriait le Mage. Non, elle était condamnée à laisser des questions en suspend et à accepter l’éloignement de ce regard qu’elle ne parvenait à percer à jour.

    Elle entendait des bouts de phrases qui ne semblaient rien vouloir dire. Cet homme parlait d’une femme ; d’une femme qui aurait eu une certaine stature pour assommer des individus encombrants. Il en parlait tout en la regardant et la prisonnière s’imagina qu’il s’agissait très certainement de cette fameuse Helen. Une Helen qui semble-t-il avait une certaine ressemblance avec sa propre personne puisque l’inconnu l’avait confondue avec sa disparue. La jeune femme ne pu que compatir à la douleur de ce jeune homme qui recherchait probablement l’équivalent d’un pied d’Arc-en-ciel. Une quête impossible. Quel courage il lui faudrait pour accepter l’inéluctable ou pour poursuivre l’aventure sans se décourager. Même devant la mélancolie de l’inconnu, elle ressenti un regain d’énergie. La situation était dramatique pour cet être humain en quête mais pour la jeune femme, cette coïncidence ne pouvait que lui être profitable. Certes elle l’aiderait à retrouver sa disparue mais en attendant, il allait la libérer.

    L’espoir d’une libération fut toutefois de courte durée lorsque la garnison débarqua. Quelques hommes, pas de quoi constituer une armée, mais bien trop nombreux pour un vieillard, une serveuse sur le point de défaillir et… Et qui d’ailleurs ? Qui était-il donc ? La jeune femme avait beaucoup misé sur cet inconnu et ; en y réfléchissant de plus près, elle se rendit compte qu’il était loin de posséder la carrure des guerriers. Oh il n’était pas dénué de muscles, au contraire, mais de là à se débarrasser sans encombre de leur fan club, il ne fallait pas trop pousser la folie. C’était limpide : ils étaient foutus. Toutefois le jeune homme semblait avoir un plan de secours dans sa tête puisque la prisonnière pu apercevoir une lame passer des mains de l’inconnu au vieillard, lame à laquelle s’accrocha un pâle reflet de la lune.

    La suite des évènements ne lui disait rien qui vaille. Un pressentiment peut-être. Ou tout simplement une sensation de déjà vu. Cette scène qui présageait une bataille proche semblait lui être familière. Etait-ce une impression ou un souvenir qui tentait de remonter à la surface ? Nul n’aurait pu le dire et encore moins elle. Alors que la jeune femme était en pleine réflexion existentielle, le jeune homme qui avait déposé ses armes à terre discuta un moment avec la garnison, prétextant s’être égaré. Une seule pensée traversa l’esprit de la prisonnière : s’il combattait aussi mal qu’il mentait, ils étaient foutus.

    Soudain, alors que les soldats qui leur faisaient face rentraient dans le jeu, l’inconnu brandit sa main devant lui et hurla un mot dont la signification échappait totalement à la jeune femme. Un craquement sec parvint jusqu’aux oreilles de la Yazuacienne qui ne put que constater l’inutilité de l’arme adverse. Ce n’était pas un hasard et elle le savait. De plus, un autre détail ne lui avait pas échappé : la paume de leur Samaritain laissait entrevoir une lueur incandescente s’en échapper. La prisonnière étouffa un cri de surprise. Cet homme là n’était pas n’importe qui. C’était un magicien et peut-être même un dragonnier. Pour la confirmation de ce dernier point il lui faudrait toutefois étudier plus encore cette paume. Mais ce n’était pas encore le moment. Le dragonnier repris alors instantanément ses armes à terre et entama la bataille. Le fer se croisait dans un suintement métallique et occasionnait à la jeune femme à chaque fois un mouvement de recul. Elle fermait les yeux dès que les épées se rencontraient, de peur de voir une scène qu’elle ne supporterait pas.

    Le guerrier ordonna ensuite au vieillard de la libérer. Tient oui, il était passé où celui-là ? Maintenant libéré de ses cordes, son compagnon de torture sembla hésiter un instant sur la conduite à suivre. Sans l’invective de leur fournisseur officiel en armes, nul doute qu’il serait déjà loin et qu’il l’aurait laissé à son sort. Mais visiblement, les talents du jeune homme lui inspiraient somme toute quelques craintes puisqu’il s’exécuta sans plus de formalités. Elle sentit enfin ses liens se desserrer mais la sensation que lui procura ce bien être fut de courte durée. A peine avait-elle bougé d’un pas pour se mettre à l’abri qu’une poigne ferme l’attrapa vivement et la plaque contre son propriétaire. Elle ne comprît pas tout de suite qu’il ne s’agissait pas d’un des soldats et c’est seulement lorsqu’elle vît une lame se coucher sur son cou qu’elle reconnu la main ennemie : une main ridée, un peu tremblante qui ne tarda pas à faire perler une goutte de sang.

    Otage. La voilà de nouveau otage d’un odieux chantage (eh ouais ça rime !).


      « Qui tient le couteau maintenant ? »



    Ah certainement pas elle, c’était une certitude. Le jeune homme s’était figé devant la scène. Aucun moyen de se sortir de ce mauvais pas, d’un côté, comme de l’autre. La lame s’enfonçait de plus en plus dans sa peau mais la jeune femme ne dit pas un mot. A côté des autres blessures qu’elle arborait, celle-ci faisait pâle figure. D’ailleurs, elle ne ressentait presque rien. Sa capacité à supporter la douleur s’était peut-être renforcée après ces journées entières de torture. Elle attendit donc patiemment que la situation se débloque même si elle sentait la fatigue prendre possession de ses muscles. Elle ne tenait debout par elle ne savait quel miracle mais après tout, le principal était qu’elle ne s’écroule pas. Le tranchant de la lame aurait tôt fait de l’égorger par mégarde. A cette pensée, la jeune femme eut quelques difficultés à déglutir. Elle n’avait pas survécu à tant de souffrances pour mourir aussi bêtement. Tenir. Il fallait tenir le temps que la situation tourne en sa faveur.


    La négociation ne dura pas longtemps. Il s’avéra que le vieillard dénommé Gerhrart – nom qui ne lui disait pourtant rien, mais peut-être l’avait-elle oublié, comme tout le reste – tenait particulièrement à se promener avec leur compagnie respective. Bon il voulait surtout prendre le cheval de l’inconnu mais la Yazucienne se demanda bien pourquoi on l’incluait dans le lot. Elle ne connaissait ni l’un, ni l’autre, n’avait pas l’envie particulière de faire un bout de chemin avec eux et surtout, elle n’avait confiance ni dans le vieillard, ni dans le Samaritain. Tout était bien trop trouble pour qu’elle se laisse berner aussi facilement. Néanmoins, vu l’état dans lequel elle se trouvait, elle se voyait mal refuser l’aide de l’un ou l’autre. Ca ne pouvait pas être pire qu’une garnison de Galbatorix après tout.


    Toutefois, il subsistait un problème. Et de taille celui-ci. Le jeune homme semblait vouloir aller jusqu’à Daret. Oui mais a priori, il ne comptait pas y aller tout seul. C’est ce dernier point qui intrigua notre protagoniste. Ce n’était certainement pas pour l’utilité qu’elle pourrait lui apporter. Non seulement elle était en piteux état, mais en plus elle ne savait pas se battre. A quoi lui servirait-elle sur les routes ?  Tout le monde décidait pour elle et personne ne lui demandait son avis. Elle se terra dans un mutisme inquiétant, attendant patiemment l’occasion de se manifester…


***


    Après de longues heures de marche qui parurent interminable à la jeune femme, celle-ci put poursuivre la route sur le cheval de l’inconnu. Ca ne valait pas une bonne nuit de repos mais ça avait le mérite de préserver le reste de ses forces. Enfin, si on pouvait appeler ça comme ça…

    A la tombée de la nuit, le jeune homme indiqua à la troupe une clairière non loin d’ici où ils pourraient se reposer en tout quiétude. La Yazuacienne se laissait embarquer, incapable d’opposer la moindre résistance… Pour le moment. Tout n’était qu’une question de temps. Il n’était pas envisageable qu’elle ait pu échapper à la garnison de Galbatorix pour se retrouver prisonnière de… de qui d’ailleurs ? C’était une très bonne question à laquelle elle aimerait bien trouver réponse. Mais toujours enfermée dans son mutisme, elle ne chercha aucun contact, ni avec l’un, ni avec l’autre. Et ce même lorsqu’ils s’arrêtèrent à leur point de chute. Les hommes allumèrent un feu de camp et vaquèrent à leurs occupations propres pendant qu’elle se réchauffait au coin du feu, perdue dans le fil de ses pensées. L’inconnu la rejoignit au bout d’un moment. Il lui proposa tout d’abord de l’eau mais la jeune femme resta silencieuse, se contentant de lui prendre directement dans ses mains la source hydratante.



      « Comment tu te sens ? Est-ce que c'est douloureux ? »


    L’inconnu pensant bien faire, esquissa une caresse du bout des doigts. La jeune femme sursauta au contact entreprit par l’inconnu. Visiblement il se permettait certaines libertés et en quelques secondes l’horreur de la situation lui apparut. Et s’il ne l’avait pas simplement libérée ? Et s’il attendait quelque chose, quelque chose qu’il s’estimait en droit d’obtenir ? Les paroles du guerrier lui revinrent en tête alors qu’elle pensait qu’il ne s’agissait là que d’une diversion « C'est le coin des servantes et c'est bien connu : elles ne disent jamais non, n'est-ce pas ? ». Se pourrait-il que… ? Sujette à la panique, la serveuse de Yazuac était à deux doigts de prendre la fuite. Quelle idée stupide ! Il la rattraperait en moins de 10m et sans se fouler s’il utilisait ses dons de magie. Sans parler de l’autre vieillard dont les raisons de sa présence restaient troubles.


      « Ça a besoin d'être désinfecté. »


    La jeune femme ne broncha pas et n’esquissa pas le moindre mouvement. Inutile de céder à l’angoisse, il lui fallait trouver une solution. Lorsqu’elle le vit rapprocher sa besace en cherchant un quelconque objet, elle se crispa instantanément. Une drogue ? Un couteau ?


      « Comment est-ce que tu t'es retrouvée entre les mains de l'Empire ? »


    Le sang de la jeune femme ne fit qu’un tour. Alors qu’il allait sortir l’objet de sa recherche de son sac, le jeune homme fit un vol plané de 5 bons mètres, à l’opposé du feu de camp [Ahah là c’est mon petit plaisir]. Il s’écrasa dans un impact sourd entaché d’un bruit de verre cassé, une flasque de Whisky qui n’avait pas apprécié le vol. La jeune femme le regarda éberluée. Personne sur le camp n’avait bougé. L’inconnu n’était pas blessé mais sembla tout aussi interloqué que les deux autres protagonistes. Le vieillard se rapprocha du jeune homme pour l’aider à se relever et regarda plus attentivement la dernière personne à qui il avait parlé : la Yazuacienne. Son bras se raidit instantanément sur le poignet du nouvel homme-canon.


      « Le… La… La plaie ! Elle… Elle… Y’a plus ! »


    Ses paroles incohérentes eurent tôt fait d’effrayer la jeune femme qui voyait maintenant se promener sur elle le regard des deux hommes. Poussée par un instinct qu’elle ne se connaissait pas, elle effleura l’entaille sur son cou. Enfin, c’est ce qu’elle tenta de faire. L’entaille dont il était question avait laissé place à une peau lisse et douce, exempte de toute cicatrice. Et après un bref coup d’œil, elle s’aperçut rapidement qu’il en était de même pour chaque blessure. Même sans en avoir conscience, Helen, cette Helen, n’avait toujours fait qu’un avec sa magie. Une magie qu’elle ne pouvait réprimer sous le couvert d’un oubli d’identité. Elle était sa magie, et sa magie était elle. Elle avait pu auparavant user de cette magie sans avoir à prononcer la dialectique de l’Ancien Langage mais cela avait été épisodique. On lui avait toujours répété qu’il était dangereux de ne pas extérioriser en mots ce qu’elle souhaitait obtenir de sa magie car cette dernière pourrait la consumer en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire. Oui elle avait su tout ça. Mais ce souvenir lui échappait à présent et tout ce qu’elle trouva à dire devant le vieillard et l’inconnu fut :


      « Qui… Qui a fait ça ? »


    Son regard se reporta tout d’abord sur le vieillard qui semblait tout aussi perdu qu’elle sur l’origine des évènements. Mais il lui avait prouvé qu’il savait bien cacher son jeu aussi ne s’attarda-t-elle pas sur cette impression. Quant au jeune homme, il n’avait rien dit depuis son vol plané mais la jeune femme décela une lueur d’intérêt dans ses yeux. Sans doute y était-il pour quelque chose : un sort qui avait mal tourné peut-être…

    La jeune femme décida de prendre du recul et de se calmer. Maintenant qu’il était loin d’elle et qu’il venait de prendre un sérieux coup, elle serait certainement plus tranquille. Elle s’efforça néanmoins de repérer le couteau au cas où il lui faudrait s’en servir.


      « Qui êtes-vous ? Qu’êtes vous venu faire ici ? » demanda-t-elle sèchement à l’inconnu.


    Elle avait côtoyé le vieillard pendant un certain temps pour savoir ce qu’elle avait à savoir. En revanche, l’autre ahuri ne lui disait rien de bon à la lumière des récents évènements. S’il fallait se méfier de tout le monde maintenant… Où allions nous ?! Elle invita le guerrier à revenir près du feu mais en face d’elle et à lui conter son histoire. Après seulement, et si son histoire tenait la route, elle consentirait à lui répondre sur ses précédentes questions.

    Position de force. Oui elle était en position de force. Ce n’était d’ailleurs pas vraiment habituel chez elle. Enfin, savait-elle vraiment ce qu’était une habitude, elle qui avait perdu une part de son identité et de ses souvenirs. Mais par elle ne savait quel coup du sort, elle devenait quelqu’un d’autre, ou en tout cas le temps de faire la lumière sur cette affaire qui l’intriguait tant. Mais soudainement, une lourde fatigue s’installa dans tout son corps. Elle lutta cependant, ne comprenant pas ce qui lui arrivait – sans doute le voyage – et cherchant à tout pris à éviter de se trouver en position de faiblesse.

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I WILL ALWAYS COME FOR YOU ◮ helen _
MessageSujet: Re: I WILL ALWAYS COME FOR YOU ◮ helen   I WILL ALWAYS COME FOR YOU ◮ helen I_icon_minitime2013-07-19, 00:11

La situation lui échappait complètement.
C’était difficile à admettre pour une personne aussi attachée que lui à la maîtrise d’une situation. Gerhart le mettait profondément mal à l’aise. Il ne comprenait pas cet obstacle que celui-ci dressait perpétuellement entre leurs esprits. Comment parvenait-il à réunir la concentration nécessaire à un pareil exploit ? Le dragonnier avait lutté durant plusieurs semaines avant de réussir à élever une protection mentale des plus sommaires : découvrir que l’homme qui le menaçait maîtrisait une muraille dénuée de brèches ne parvenait qu’à l’inciter à une prudence plus grande encore. Will n’avait jamais éprouvé tant de difficultés à cerner un personnage par le passé. Qui était-il ? Était-ce un mage ? L’idée qu’un homme comme celui-ci puisse manipuler un art comme celui-là le révulsa. Malgré cela, il était suffisamment mature pour savoir que la magie n’était qu’un énième outil entre les mains des hommes. Des hommes animés par leurs désirs, leurs sentiments et leurs ambitions. Des êtres infiniment imparfaits. Et si Helen avait toujours utilisé la magie à bon escient en sa présence, il aurait été naïf de croire que tous étaient doués d’une pareille éthique. William tendit prudemment son esprit en direction de Gerhart. Il discerna abstraitement les limites de sa conscience et à peine les eût-il effleurées qu’il se résigna à battre en retraite. La Muraille était toujours présente. Vertigineuse et, inviolable.  
Les pupilles ambrées du dragonnier retrouvèrent Helen. Il l’observa avec discrétion au-dessus du foyer, tout en surveillant distraitement sa cuisine. La jeune femme qui se tenait face à lui était si différente du maître Mage espiègle qu’il avait rencontré l’année précédente qu’il se serait sans doute laissé subjugué par le doute si la magie ne l’avait pas assuré de son identité. Que lui était-il arrivé ? Il se remémora leur séparation quelques mois plus tôt et baissa les yeux sous la domination d’une honte croissante et insidieuse. L’avait-il abandonnée à son sort ? S’affligea-t-il, coupable. N’avait-il pas juré de l’aider à recouvrir la magie qu’elle avait égarée après lui avoir sauvé la vie ? Hellah et elle avaient bravé de nombreux dangers pour l’escorter jusqu’à la frontière du Du Weldenvarden, où sa formation de dragonnier l’attendait. Et leurs chemins respectifs s’étaient divisés, abandonnant tout parallélisme. Le jeune homme se mordit les lèvres. Il connaissait suffisamment Helen pour savoir qu’elle aurait réprouvé avec véhémence le fil de pensées qui se déroulait dans son esprit. Après tout, n’avait-elle pas été la première à le confronter à son statut de Dragonnier ? À souligner l’égoïsme dont il ferait preuve en se laissant dominer par ses émotions ? Il ne se souvenait que trop bien de l’épisode où la vie avait manqué d’échapper définitivement à la jeune femme après avoir affronté un détachement impérial sur la route censée les porter jusqu’à Belatona. « Le fait est que je donnerai ma vie sans hésitation pour qu’un Dragonnier puisse survivre. Vous êtes trop précieux à la Rébellion pour que l’on puisse se passer de votre aide. Tu comprends ? ». Et éventuellement, il avait compris. Avec du recul et beaucoup de temps. Les mois qu’il avait passé à Nädindel l’avaient vu grandir émotionnellement. Néanmoins, encore aujourd’hui, Will se retrouvait dans l’incapacité d’accepter de pareils sacrifices de quiconque sans y rencontrer une affliction incommensurable. Il redressa le menton pour fixer à nouveau la magicienne. Aurait-il seulement l’opportunité de racheter sa promesse perdue, ou était-ce trop tard ? Serait-elle condamnée à errer sans se trouver elle-même ?

+++

Quelques instants plus tard, William s’était installé aux côtés de la jeune femme. Il ne broncha pas lorsqu’elle accepta la gourde qu’il lui tendait de bonté de cœur sans décrocher la moindre parole et ne répondant à ses questions qu’à travers un mutisme obstiné. Il se pencha doucement en avant pour examiner la plaie qui lui barrait vilainement le cou. Celle-ci était beaucoup moins profonde qu’il ne l’avait premièrement escompté. Toutefois, elle demeurerait douloureuse dans les prochains jours. Ils n’avaient qu’à désinfecter et panser soigneusement la blessure de manière à ce qu’elle reste saine jusqu’à cicatrisation. Bien entendu, il aurait suffi d’un seul mot pour qu’elle guérisse sous ses yeux. Toutefois, une certitude intérieure lui soufflait qu’il fût préférable d’économiser ces ressources-là –pour le moment, en tout cas. Les humains ordinaires, s’ils fantasmaient sur les possibilités qu’occasionnaient les multiples utilisations de la magie, ne s’en méfiaient qu’au centuple. Et jusqu’à preuve du contraire, Helen –ou quiconque pensait-elle être– n’était pas familière avec ces pouvoirs. Par ailleurs, l’idée d’utiliser l’Ancien Langage en présence de Gerhart était trop inconfortable pour qu’il brave ces précédentes réticences. Était-il également utile de mentionner la fatigue qui l’accablait depuis plusieurs heures, découlant directement des heures de vol qu’il avait dû réaliser pour atteindre cette partie de l’Empire le plus rapidement possible ?
Il effleura la peau de la jeune femme du bout des doigts, comme il l’aurait fait autrefois et, la sentit tressaillir sous son contact. Ses pupilles se voilèrent de confusion durant quelques secondes. Quelques secondes durant lesquelles il prit conscience du caractère inapproprié du geste. Une telle familiarité n’avait pas lieu d’être entre deux étrangers, c’était évident –pour tout le monde sauf lui qui la connaissait en beaucoup de points. Troublé, il se pencha sur la besace afin d’y tirer une flasque de whisky repérée quelques dizaines de minutes plus tôt, en profitant pour reprendre contenance.
Pour la première fois depuis plusieurs semaines, il aurait ardemment souhaité bénéficier d’une opinion de la part de Dagr. Dagr qui détenait toujours un avis, une réponse à tout. Le dragon aux écailles blanches s’était toutefois éclipsé de son esprit depuis plusieurs heures et ne semblait pas disposé à faire une réapparition de sitôt. William se maudit d’avoir manqué à le recontacter aussi rapidement qu’un dragonnier doué de bon sens aurait su le faire dans les mêmes circonstances. Il étendit sa conscience autant qu’il le put, comme le lui avait enseigné Warren, sans rencontrer la présence familière de son compagnon. Où diable était-il passé ? Leurs rapports n’étaient pas simples. Ils ne l’avaient jamais été à vrai dire, bien au contraire. Principalement à cause de Will et, celui-ci en avait vaguement conscience. Aurait-il pu en être autrement lorsqu’il se retrouvait forcé à une intimité définitive avec une pareille créature ? Dagr avait été singulièrement patient. Et les mois passés ensemble dans le Du Weldenvarden avaient brisé quelques barrières. Les avaient rapprochés sur le plan relationnel. Et si quelques conflits subsistaient, ils étaient parvenus à sceller les bases de la relation innommable qui les unissaient. Alors, pourquoi l’avait-il quitté ? S’interrogea-t-il, en plissant légèrement les sourcils tandis que ses doigts s’enroulaient enfin autour de la flasque d’alcool. Dagr le lui expliquerait lorsqu’il serait de retour. Mais en attendant …



Il s’apprêtait à se redresser lorsque soudainement –et sans le moindre avertissement ! - le jeune dragonnier se retrouva propulsé dans les airs. Il retomba lourdement quelques mètres plus loin après avoir réalisé une pirouette improbable au-dessus du feu de camp. Will émit un grognement étouffé en se redressant douloureusement, le visage plongé dans l’herbe, le souffle coupé par la violence de sa chute. Une tache claire s’élargit lentement sous sa tunique et plusieurs secondes s’écoulèrent avant qu’il n’y reconnaisse l’odeur caractéristique de l’alcool. La flasque de whisky s’était brisée sous son poids, mais ça n’avait plus aucune importance à présent. William se redressa sur un coude, éberlué. Il ignora délibérément la main tendue de Gerhart, les pupilles plantées sur la jeune femme avec une lueur d’intérêt manifeste. Il réprima un éclat de rire nerveux devant l’incongruité de la situation.
La magicienne quant à elle semblait plus déconcertée par ce revirement qu’il ne l’était lui-même. S’était-elle seulement rendu compte du mécanisme qu’elle avait inconsciemment déclenché ? Sa connaissance de la magie n’était pas assez avancée pour qu’il porte une explication précise de l’incident. En revanche, il ne doutait pas qu’Helen en fût à l’origine. Mais pourquoi cette soudaine nécessité d’autodéfense ? S’était-elle sentie … menacée ? L’éventualité le fît déglutir. Pendant une fraction de seconde, il fût tenté de pénétrer les pensées de la magicienne ; seul le respect qu’il lui accordait le retînt d’entreprendre pareilles mesures.
Gerhart happa vivement son poignet, sans accorder la moindre considération aux réticences du dragonnier, avant de le mettre sur pieds d’une traction vigoureuse. Les doigts du vieillard se raidirent subitement autour de son articulation lui arrachant un grondement d’avertissement :

« Le … La … La plaie ! Elle … Elle… Y’a plus ! Bredouilla-t-il, très peu cohérent.
Suffisamment toutefois pour que William pivote en direction de la jeune femme à temps pour la voir porter une main sur sa gorge désormais intacte. Ce n’était pas l’unique cicatrisation miracle cependant. Les hématomes qui parsemaient sa peau quelques instants plus tôt s’étaient volatilisés, laissant derrière eux une peau immaculée. Il écarquilla les yeux de surprise avant d’esquisser un sourire mi-figue, mi-raisin.
— Qui … Qui a fait ça ?
Le dragonnier se dégagea sèchement de la poigne du vieillard avant de croiser résolument les bras sur sa poitrine. Il n’était guère disposé à engager une conversation de cet ordre en présence de Gerhart. Le regard de celui-ci fît navette entre les deux protagonistes, désarçonné par l’échange de pouvoirs qui s’était opéré subrepticement. Il était désormais évident que l’inconnu aux pouvoirs étranges n’était plus le seul méritant de sa vigilance. La petite en dissimulait manifestement bien plus sous ses jupons qu’elle ne le laissait apparaître de prime abord.
— Qu’as-tu fais ? L’interrogea-t-il vivement en portant sur le dragonnier un regard mêlant curiosité et accusation. Celui-ci le considéra d’un regard irrité avant de répondre :
— Qu’en comprendriez-vous ? Répliqua-t-il en haussant les épaules. Il n’était pas d’humeur à tergiverser avec Gerhart. D’autant qu’il le soupçonnait d’en savoir bien plus sur la magie qu’il ne le laissait entendre en posant de telles questions. Après tout, on ne protège pas son esprit de la sorte en étant un parfait ignare.
Gerhart plissa ses petits yeux, sans répondre.
— Qui êtes-vous ? Qu’êtes vous venu faire ici ?
Le ton sec qu’elle employa lui hérissa l’échine. Durant quelques secondes, il ne fît que la fixer intensément, sans émettre la moindre réponse. Et finalement, après une poignée de secondes qui parurent interminables, il consentit à reprendre la parole :
— Je te raconterais tout ce que tu veux savoir, d’accord ? À une seule condition : Je ne parlerais qu’à toi. Seule.
Il accentua le dernier mot en coulant un regard appuyé en direction de Gerhart. Ce dernier roula ostensiblement des yeux avant d’hausser les épaules d’un air désabusé :
— Tant de simagrées ! Râla-t-il en ramassant une assiette pour se servir une poignée de riz et une part de pâté. Temps que vous ne vous faîtes pas la malle avec le canasson, je me fiche de vos histoires. Je vais faire un tour, un peu plus loin.
Gerhart s’empara de l’épée de William sous le regard mécontent de celui-ci avant de rejoindre la lisière de la clairière qu’ils avaient franchis une demi-heure plus tôt. Il disparu derrière une masse de buissons épais et bientôt, ils ne l’entendirent plus.
+++
William n’esquissa aucun geste. Il se tînt droit et immobile à la même place qui avait témoigné de sa chute quelques minutes plus tôt. Et si la magicienne l’avait incité d’un geste à s’approcher de nouveau, il n’en fît strictement rien. Il réfléchissait. Que pourrait-il dire à présent ? Comment pourrait-il dissoudre la méfiance qu’il discernait dans ses pupilles océaniques ? Le croirait-elle seulement s’il venait à lui servir la vérité ? Il ignorait tellement de choses pour le moment ! C’était à peine suffisant pour satisfaire le besoin de savoir qu’il sentait chez Helen. Elle ne comprendrait peut-être pas. Et il ne pourrait guère le lui reprocher. Il fallait toutefois lui donner une chance d’essayer. Le dragonnier s’accroupit près du maigre repas qu’il avait préparé une dizaine de minutes plus tôt. La cuisson n’était pas idéale mais ça resterait comestible, jugea-t-il.
« Tu ne te sens pas épuisée, soudainement ? Comme … Comme si tu venais de courir plusieurs lieues d’une seule traite ? S’enquit-il d’une voix posée sans la regarder dans les yeux.
Il s’empressa de servir en veillant à ne pas se brûler les doigts avant de venir s’asseoir dans l’herbe à une distance respectable du maître mage qu’elle ignorait être.
— Mange, ordonna-t-il en lui glissant une cuillère grossièrement taillée dans du bois.
Il marqua une pause en regroupant ses jambes sous ses fesses et s’humecta les lèvres sous le regard attentif qu’il sentait peser sur son visage.
— Je m’appelle Will. Et toi ?
Il s’asséna une claque mentale. Il se sentait maladroit dans sa démarche, mais comment aurait-il pu procéder ? Il n’avait aucune envie de lui claquer la réalité dans la figure. La situation nécessitait une délicatesse et un tact basiques.
— Tu peux me faire confiance. Je suis un Dragonnier. Eka fricai un Shur’tugal.
L’information lui apparue suffisamment importante pour qu’il se décide à la mentionner. Il retira la mitaine de cuir qui dissimulait sa paume aux regards importuns pour lui présenter la cicatrice caractéristique de la Gedweï Ignasia. Quelques secondes silencieuses s’écoulèrent encore.
— Ça va peut-être te sembler redondant mais ... Comment es-tu tombée entre les mains de l’Empire ? C’est peut-être important. Ils t’ont demandé quelque chose ? L’interrogea-t-il légèrement hésitant. Il aurait souhaité savoir quel élément avait déclenché sa perte de mémoire. Depuis quand errait-elle ainsi, sans ses propres souvenirs. L’Empire l’avait-il causé ? Ou était-ce autre chose ?

+++

— J’aimerais tenter quelque chose, commença-t-il manifestement incertain. As-tu déjà … ouvert ton esprit à quelqu’un ?
Il manqua de piquer un fard. Cependant, l’ignorance évidente de la jeune femme en la matière chassa l’embarras qu’une telle question pouvait lui inspirer.
— C’est quelque chose de très … personnel. Je comprendrais que tu n’acceptes pas mais … Je ne sais pas comment te prouver que je dis la vérité si … Si tu n’entres pas dans ma tête.
Le discours paraissait insensé. Il pria mentalement tous les dieux connus et méconnus qu’elle ne le prenne pas pour un dégénéré mental et se rapprocha lentement pour lui tendre une main. Il avait cessé de respirer durant tout le processus et prit une profonde bouffée d’air.

Il aurait préféré amorcer une approche plus délicate. Il doutait cependant que la jeune femme y vît la moindre différence. Un simple flash alors. Des sensations, dans un premier temps. Puis, la vision fugitive de leur rencontre à Tronjheim. Leur randonnée équestre dans les Beors, jusqu’au Surda. Les quelques jours de rétablissement chez Yves et Martha. La méfiance de Leorn. La soirée dansante de Belatona. —
Leurs mains se séparèrent brutalement.
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